lundi 15 novembre 2010

Le coin du patrimoine : Plumoo

...Une rubrique qui devrait logiquement se trouver sur 1caseenmoins.
Qui devrait.. mais je n'ai pas le temps de développer..
Alors :

Formule 1 n° 40, Octobre 1978.

Plumoo est ce petit indien imaginé et dessiné par Michel Douay qui fait sourire des milliers de lecteurs à l'époque sur le 4eme de chaque numéro durant des années.
Les enfants adorent encore aujourd'hui.

et les adultes ? je vous laisse juges...

samedi 13 novembre 2010

Yves chaland "Du dessin à l'objet "

Yves chaland, étudiant aux beaux arts de St Etienne de 1975 à 1976, est encore à ce jour l'un des auteurs phares de la bande dessinée française et « père » de la « ligne claire » stéphanoise avec Biard/ Cornillon et Terpant.

Disparu, trop tôt en 1990, ses créations graphiques s'inscrivaient dans une dynamique où la bande dessinée, l'illustration croisent la littérature, la musique, la publicité, le design, le graphisme.

Dix ans plus tard, sa femme Isabelle Beaumenay-Joannet inaugure une série de meubles, objets dans la « ligne chaland ». A cette occasion, un premier meuble, tiré de l'album « Adolphus claar » voie le jour en 2010.
Quoi de plus naturel alors que de s'associer à la biennale de design 2010 de St Etienne pour présenter cette magnifique initiative.

Cette exposition « Grandes cases - Yves Chaland -Du dessin à l'objet » sera l'occasion de fêter le « retour » de Yves Chaland à St Etienne.
Cela permettra aussi de rappeler que St-Etienne, depuis de nombreuses années, reste un vivier toujours important et dynamique de la bande dessinées, de l'illustration et du graphisme.

A cette occasion seront présentés une série d'originaux (calques, croquis, illustrations, ...), le meuble inaugurale, en exclusivité, de la ligne « chaland » et un hommage d'auteurs de bandes dessinées, de l'illustration et du graphisme à ce grand nom de la BD stéphanoise et plus largement française.

Le tout dans une ambiance année 50 (objets/design) et de l'album « Adolphus Claar »

Dans le cadre de la biennale de design « off »
Du 20 novembre au 17 décembre
Galerie du « Babet » 10,rue Félix Pyat 42000 St Etienne
Du lundi au vendredi de 9h/12h et 14h/18h30

Vernissage le vendredi 19 novembre à 18h30.

Bajram, le shaman de l'IS*

Bajram, destructeur d'univers
Thierry Bellefroid (entretiens)
Soleil
Octobre 2010

Denis Bajram, né en 1970 a été mondialement reconnu (1) avec son chef d'oeuvre d'anticipation en 6 tomes "Universal War One", publié chez Soleil de 1998 à 2006. Au delà de sa qualité scénaristique, cette série a montré une technique de colorisation numérique en avance pour l'époque (2).
Avant cela, son auteur avait publié les deux tomes de Cryozone chez Delcourt, autre récit de science-fiction de qualité, scénarisé par Thierry Cailleteau (série Aquablue). On se reportera à sa bibliographie complète sur Bedetheque.

Dans ce livre d'entretiens fleuve (240 pages tout de même), Thierry Bellefroid a été à la rencontre d'un homme au caractère bien trempé et à la culture féconde. On y parle Bande dessinée bien sûr, mais aussi beaucoup politique, religions, et milieu de l'édition. C'est ce qui fait la richesse du livre, par ailleurs abondamment illustré.

On peut y remarquer quatre grandes parties :

La première sur l'enfance et l'adolescence, jusqu'à la page 63 environ, bien que pas la plus intéressante pour les amateurs, explique les qualités (et défauts) bien particuliers de l'auteur en devenir : comment il s'est formé au sein d'une éducation catholique rigoureuse; sa passion pour la science fiction et ses accointances politiques avec l'extrême droite, tout comme son leader ship envahissant. Ce sont d'ailleurs ces deux derniers points qui laissent le plus perplexe le lecteur, même si on comprend alors mieux les relations difficiles que cela a pu engendrer au fil du temps.
Les nombreuses illustrations accompagnant cette partie apparaissent parfois comme de trop. Il n'était en effet pas indispensable à mon avis de reproduire autant de dessins d'enfance pour comprendre la précocité (pas spécialement exceptionnelle ceci dit) et l'évolution de l'artiste.

La deuxième partie concerne la formation professionnelle avec les Beaux arts de Caen (2 ans) et surtout les Arts décos de Paris, qui lui ont vraiment permis de se spécialiser dans les techniques informatiques qu'il utilisait déjà. C'est là aussi que se situent ses travaux pour les fanzines, dont Scarce et le Groinge, où son caractère de leader commence à s'affirmer (et énerver certains).
C'est à cette période qu'il rencontre Jean Marc Lainé, qui lui ouvre les portes de l'édition grâce au fanzine Scarce. Mathieu Lauffray aussi, copain des Arts déco et auteur du "Serment de l'ambre" à l'époque qui lui présente Guy Delcourt.
Ce sera l'introduction au projet Cryozone.

La troisième partie est consacrée à LA série de Bajram : UW1. L'occasion de parler de la relation qui l'unit depuis à son directeur Mourad Boudjellal, et du projet d'éditeur dans lequel il s'est lancé avec sa femme : "Quadrants solaire", département indépendant des éditions Soleil.

Enfin, à partir de la page 171 : "Misanthropie et entropie", Denis Bajram s'attache à nous donner sa vision/définition de l'auteur, des médias qu'il affectionne (bande dessinée et informatique), et de l'avenir de l'humanité en général. Une partie vraiment intéressante où l'artiste, se décrivant lui-même comme un Shaman, développe une philosophie de la vie où l'homme n'est qu'un serviteur de puissances divines : les machines.

On citera à ce propos, page 178 : "Pour ma part je pense que l'on crée actuellement nos remplaçants. Nous allons laisser la place à autre chose. Des machines. Les formes de vie numérico-mécaniques. Il n'y a aucune raison pour quelles ne deviennent pas intelligentes. Ces "êtres" sont réparables, immortels et voyageront dans le vide pour coloniser le système solaire. "

ou, p.196 : "(...) Je fais partie de cette deuxième catégorie (les Shamans).
Quelques uns meurent rapidement (...) les autres survivent et apportent quelque chose d'énorme au village : la distance. Ils sont à l'extérieur. Donc ils voient où va le groupe; (...) Ils sont prêtres, sorciers...ou shamans.

A la question : ils vivent donc aux crochets du village ? Bajram répond :
"C'est vrai, on leur offre des bananes pour qu'ils remplissent cette fonction. C'est ce qu'on fait en achetant mes livres et en participant aux droits d'auteur. Et moi, je suis le shaman qui en retour prédit l'avenir car c'est l'essence même de la science-fiction". (..)

Enfin, le final propose de s'arrêter sur le projet en cours du couple heureux formé par Denis et Valérie Mangin : "Les trois christs", où Denis développe une technique de colorisation numérique encore plus moderne et naturelle (révolutionnaire ?)

En bref, un livre peut-être un peu trop bavard dans sa première partie, mais qui vaut largement le détour ne serait-ce que pour l'hommage qu'il rend à un auteur moderne exceptionnel, et ce, de son vivant.


* : "L'illustration séquentielle" : appellation utilisée par Bajram dans ces entretiens à propos de la Bande dessinée.

(1) Denis a été approché par Joe Quesada, directeur littéraire de Marvel en 2005 et sa série UW1 est publiée depuis 2009 en anglais.
(2) Voir à ce propos son interview sur CanalBD

vendredi 12 novembre 2010

Les survivants du silence apprennent à écouter

Les survivants du silence
tome 1 "L'éclaireur
Jean-Michel Ponzio
Carabas, 2010

Jean-Michel Ponzio est un auteur "nouveau" dans la bande dessinée dans la mesure où il s'est mis tardivement à ce média (2004/2005). Par contre il aime la science - fiction et la pratique on peut dire un peu aussi à son niveau via les autres bagages qu'il possède dans son CV. (Expression visuelle, Numérique, infographie, décors et designs futuristes, animation...)

Collaborant avec l'un des meilleurs scénariste du moment : Marazano sur au moins deux séries reconnues pour leur qualité : Genetiks et le Complexe du chimpanzé, il réalise seul cette série prévue en deux tomes, tout comme il l'a déjà fait pour ce même éditeur.
> La fiche de JM Ponzio sur Bedetheque

Les survivants du silence et ses deux protagonistes homme et femme pouvant rappeler Atan et Stel des "Mondes d'Aedena" (Moebius) sont deux "créateurs", beaux et longilignes, en légère combinaison fluorescente qui se retrouvent projetés d'un désert rocailleux vers un univers de SF pure où des bulles régénératrices les déposent dans un monde différent avec une mission bien précise.

"Drivés" par un autre être télépathique mais supérieur : "l'éclaireur", ils partiront en train vers le désert, vers un but inconnu, perdant au passage quelques pouvoirs et certitudes (tout comme Stel et Atan), suivis de près par le "traqueur", autre créature humanoïde dangereuse apparemment...

Si on ne sait pas quand cela se passe et que cherchent ces deux humains du futur, on a cependant la sensation de baigner dans un univers plus ou moins familier, celui de mondes déjà perçus dans "les Naufragés du temps" de Gillon par exemple (la couverture en cela est très parlante), voire le film "The island" (Michael Bay, 2004) pour l'aspect mélange des genres (réalité/rêve, désert et ambiances de cocons...), tout comme la systématique des trains amène des réminiscences de "Farenheit 451" (Bradbury 1953/Truffaut 1966.)

Ci dessus : ni "Bouncer", ni le "désert B", mais un quête quand même... (© Ponzio/Carabas)

Quoi qu'il en soit, le dessin de Ponzio est très charismatique et les décors et situations savoureux.

...Charme et suspens dans un seul album, pour une belle réflexion poétique sur la quête d'identité... cela sonne comme un très bon début qui donne envie de connaître la suite.

Lire une interview de JM Ponzio sur lefantastique.net
(2005)

mardi 9 novembre 2010

"Les Chiens" et "De la pensée"... projets dessinés abstraits et inachevés


...Après de nombreuses années à dessiner et dessiner, reproduire comme beaucoup d'enfants des couvertures d'albums de bande dessinée et en créer des improbables (Humour, fantastique, SF...gore; (entre 7 ans et la 3eme/ seconde) (toutes conservées), grâce à une culture BD précoce (frère ainé de 5 ans de plus déjà amateur, et marraine qui nous a fourni à deux reprises des collections d'albums abimés franco belge de tous genres à l'âge de 7-8 ans.)
> Voir quelques dessins anciens ici : http://tiny.cc/lxy8y

et quelques écrits et dessins/poèmes dont certains liés à la mort de mon frère ainé Patrick (1964-1992),  un break dû à mon implication dans le milieu musical (1987-1997) met un frein à l'activité dessin.
Entre temps la culture Bd avait été prise, et diverses lectures d'albums et revues ont bercées mon enfance et adolescence.
cf un article à ce sujet : http://tiny.cc/qem0n

Les années Ikon & Imago (voir ce nom sur le site Onabok) me redonnent le goût.
Participation au collectif "A nos pères" tout d'abord, à l'occasion du décès de mon père (2003)...
http://www.onabok.new.fr/a-nos-peres/

Puis c'est là que j'ai pu tâter un peu de l'écriture pour les autres, et du métier de l'édition, puisque l'expérience du fanzine Onabok a permis alors (2000- 2007) à tout un tas de dessinateurs, d'illustrateurs, de maquettistes et d'auteurs de se côtoyer et de travailler ensemble. Des beaux débuts de carrières pour certains sur Roanne.
> Résultat personnel : collaboration en tant que scénariste avec Lilou ("Un pli recommandé") , Christophe Cxzman ("Pris dans la toile"), Aude Léonard ("Une histoire de livres"), et début du projet "Eternel St Haon le châtel" (Robert Ellias, Cédric Fernandez, Olivier Paire, Franck Perrot, Steve Vobmann...)
Mais aussi édition d'auteurs sous forme de livres diffusés/distribués nationalement : copains, ou..  étrangers (Deadmouse).
(Vatch que ca été bien cette aventure !!...)

Mais aussi comme dessinateur/scénariste le projet "De la pensée dans le désert".
Sorte de strip abstrait mettant en scène trois personnages : un ballon cérébral, un grille-pain volant et un miroir un peu lourd... Des pensées dans le désert à l'encre de chine.. à la façon de... maîtres tels : (soyons fous) : Masse, Forest... ? (stris présentés à l'occasion de l'expo riorgeoise Onabok au château de Beaulieu en 2002.)

Quelques mois plus tard, le projet des "chiens" né. Un truc tiré d'un rêve où deux jeunes cons se déguisent d'abord en chien (le doudou de ma première fille) afin de récupérer la fille d'un des deux complices, divorcé.
Puis ensuite utilisation de ces deux chiens comme faire valoir de strips à l'occasion d'anniversaires et/ou d'évènements de la vie réelle;

Entre temps, un projet inachevé d'hommage à mon père ("Le cerisier", planche unique), mais une activité d'articles réguliers liés à la bande dessinée, (papier et web) et un travail de plus en plus prenant à la médiathèque (2003-2010) ...

Bref... le dessin... une passion inachevée.

Quelques jpg (pas très gros) des planches les moins "vieilles" ici :
http://1caseenmoins.canalblog.com/albums/projets_personnels/

par Franck Guigue, mardi 9 novembre 2010, 21:47 
Texte originellement écrit sur ma page "Infos" facebook.

mardi 2 novembre 2010

Au fond des bois... l'amour ?

Vu ce soir le beau film de Benoit Jacquot "Au fond des bois", tiré d'une chronique judiciaire de 1865 rapportée par Marcella Lacub .
Lire un article détaillant l'origine.

Ce qui fait de ce film une vraie oeuvre cinématographique à mon sens passe d'abord par sa musique, due à Bruno Coulais, qui amplifie à l'aide d'une partition toute en puissance et trémolos terrifiques de violons l'atmosphère fantastique et dramatique du récit.

... Joséphine est une jeune femme de bonne famille, belle, mais fragile mentalement, et c'est sûrement ce qui expique l'emprise que peut avoir ce jeune bohémien qui un soir décide de faire irruption dans sa vie.
A l'aide de (réels ?) talents de magnétisme, il parvient à abuser d'elle et la soumet à son désir.
Elle le suit donc, aveuglèment, même si des soubresauts de conscience (ou de remords) lui font parfois tourner les talons..

A droite : Du moment où elle tourne le regard vers lui, le petit chaperon blanc ne pourra plus lui résister...

Un film pas "sec", mais contraignant dans sa poésie, dans la mesure où, malgré qu'il se déroule quasiment durant toute sa durée en extérieur, (forêts, chemins, campagnes..) on ressent un sentiment d'enfermement.
Le même certainement que celui que doit ressentir le personnage d'Isild le Bescot dans son fort intérieur (Magnifique interprète, avec des scènes à assumer quand même dures...), puisqu'elle subit de la part cet homme un envoutement la réduisant en esclavage.
"Envouteur" qui ne lui en voudra même pas au final de le faire accuser ... alors que l'ambiguité plane sur les responsabilités de chacun...

Belle scène d'ailleurs que celle de l'interrogatoire avec l'officier de police militaire, (et le buste de Napoléon 3 à ses côtés), très digne et épris de justice, où l'on tente de nous monter que cette dernière n'a pas toujours été magnée par des scélérats, ou des policiers véreux dans des commissariats racistes ?
... Un message certainement adressé à nos responsables contemporains, dans une société où justice rime beaucoup avec argent et corruption.

Plus légèrement : un film où les souvenirs du Pinocchio de Comencini (l'époque et l'image du bohémien), et du "Parfum" de Suskind, (pour l'envoutement d'une belle jeune femme par un vagabond plein de ressources) flottent...

Envoutant !

La fiche du film sur le site de l'éditeur Filmsdulosange.

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