jeudi 1 août 2013

La route : lorsque les hommes tombent vraiment bas, les arbres en font de même…



Vu récemment "La route" (2010), superbe film post-apocalyptique de John Hillcoat, d'après l'oeuvre de Cormac McCarthy (2006, et prix Pulitzer en 2007).(1)
C'est avec plaisir que je visionnais ce DVD, ayant loupé l'occasion de sa sortie au cinéma.

Ce film sobre mais efficace évoque par moments la série Walking dead (premier comics en 2003, séris TV : 2010), tant dans les décors et les couleurs : gris, comme la cendre qui recouvre tout, et comme le vide et la tristesse d'un monde décomposé.
Mais là où la série de zombies garde beaucoup de traces de vie (animaux, femmes, enfants, climat normal), la Route nous entraine plus loin dans la désolation, car ici, après une explosion que l'on devine nucléaire, toute la végétation a disparu et les arbres sont morts. Plus d'animaux non plus : mammifères, oiseaux, mêmes insectes…
Bref, plus de nourriture, ni végétale (céréales) ni animale.
Les quelques rescapés en sont réduits, pour survire, à tuer et manger les plus faibles.

C'est dans ce contexte difficile et sans grand espoir, qu'un homme et son fils (Superbes Viggo Mortensen, et Kodi Smit-McPhee) tentent de survivre. Poussant dans un caddie le peu qu'ils récupèrent le long de cette route, ils tentent de rejoindre le sud, et la mer.

De temps à autres, leur périple croise d'autres hommes, souvent des prédateurs, qui n'hésitent pas à chasser leurs prochains comme de vulgaires loups affamés, en meute, mais aussi quelques solitaires, perdus comme eux, qui n'ont rien, et qui seuls, ont "gardé le feu"
Garder le feu, c'est à dire, garder un peu d'humanité dans ce décor et cette vie de cauchemar, où l'on ne sait dans combien de temps la mort viendra frapper (par la faim, par le froid, …car le soleil, bloqué par les cendre, ne passe plus; ou le crime).(2)

A un moment, au milieu du film, le duo sort à peine d'une petite forêt, et remarque au sol de grandes taches de sang, lorsqu'ils sont alertés par des cris. Une bande de tueurs poursuit, machette à la main une jeune femme et son enfant, effrayés. Alors que les deux héros font marche arrière, dans un instinct de survie (ils ont en effet échappé de justesse quelques scènes auparavant à un massacre du même genre, dans une vieille bicoque où d'autres tueurs se nourrissaient de personnes, gardées décharnées enfermées au sous-sol), et que l'on entend mais on ne voit pas (par pudeur) les machettes s'abattre sur les pauvres hères, il se produit un évènement étrange :

Un bruit assourdissant se fait entendre, comme pour faire écho à ces cris et ce déchainement de terreur : un bruit suivi d'un autre, une sorte de tonnerre… 
Ce sont des arbres, très hauts, qui se mettent à tomber autour d'eux. les obligeant à se coucher à terre, sous un des premiers troncs abattus.. jusqu'à ce que ce balais terrifiant cesse.

A cet instant, que je qualifierais de magique, et poétique à la fois, j'ai vu le sens de cet enchevêtrement : les hommes sont tombés si bas, que les arbres en font de même…

Plus prosaïquement, ces grands arbres que plus rien n'alimente : ni soleil, ni pluie, ont séchés sur pied et leurs racines ne peuvent plus les soutenir.. c'est un spectacle que Cormac Mc Carty a du se souvenir ou vivre lui-même lors de suite d'incendies aux états-unis, pays où l'on sait les ravages causés par le feu chaque été.

Ce souvenir posé là, à cet instant précis fait de cette scène l'une des plus belle du film.



(2) Un peu plus loin pourtant, l'enfant ramasse un coléoptère, chose étrange dont il ignore tout, car il est né alors que les incendies avaient commencé, et ce dernier prend son envol : symbole fort d'un renouveau, d'un début de nouvelle vie possible.
De plus, à la fin, alors que le père et son fils atteignent la plage, un orage tonne au loin, de plus en plus menaçant. La pluie va apparemment venir, et avec elle, le grand nettoyage, et la vie. 
Malgré que l'un d'eux vient de mourir… l'espoir est alors à nouveau permis.



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