samedi 4 mars 2006

Isaac le pirate ou le sexe enfin désinhibé.

(copyright : Blain/Dargaud)

A propos du tome 5 : Jacques paru chez Dargaud en Juin 2005.
C'est une série que l'on a vu arriver tranquillement en 2001 dans les bacs des librairies. Ecrite et dessinée par un artiste qui avait déjà impressionné avec des titres comme “Le réducteur de vitesse“ ou les deux tomes de “Hiram Lowatt et Placido“ : la Révolte d'Hop frog et Les Ogres“.
Et puis cette histoire de pirates et de peintre rondement menée a commencé à se mettre en place, au fil des tomes, se complexifiant au fur et à mesure, s'étoffant de nouveaux personnages, d'intrigues, de décors somptueux (ah le Paris du XVIIIe).
Ce qui me fait écrire aujourd'hui, et qui a entre autre retenu mon attention dans ce tome particulièrement réussi à de nombreux points de vue, c'est cette propension qu'à Christophe Blain à offrir, comme certains de ses collègues dessinateurs contemporains (Sfar par exemple dans Pascin, Les olives noires, ou même le Grand vampire,...), des scénarios aux images érotiques complètement décomplexées.

Dans “Jacques“, donc, on se surprend, en tant qu'homme* à apprécier et à trouver presque normal ces scènes d'amour où les corps s'enlacent et s'embrassent goulûment , se caressent (en feignant de dormir parfois ) dans un érotisme torride, où il n'est pas rare de montrer diverses pratiques sexuelles comme le cunnilingus ou des pipes, ou quelques positions choisies dans les endroits les plus divers.
Qu'est-ce que cela veut dire ? que la “nouvelle“ bande dessinée française est décomplexée ?, que l'érotisme maintenant “classique“ des années Charlie, ou reconnu comme tel dans le milieu BD est dépassé et donne lieu aujourd'hui à une autre interprétation ? que enfin, ce qu'on a appellé “la nouvelle vague BD“ (couverture de Télérama n° 2736 de Juin 2002) n'a plus rien à prouver en terme de sérieux et qu'elle peut, maintenant que ses auteurs font les unes de magazines bien pensant (Télérama ou la Vie catholique par exemple) passer à autre chose, de plus sincère et personnel, à savoir : mettre en image les vrais fantasmes de l'homme moyen ? (**)
Isaac le peintre, ou Jacques, son ami pirate au long nez s'en donnent à coeur joie, et ne refoulent en tous les cas pas leurs désirs sexuels... et c'est tant mieux, mais encore si peu courant dans la BD moderne.

Que nos nouveaux héros de bande dessinée vivent et vivent bien, comme dans la vraie vie, c'est tout ce que l'on leur souhaite, ... et pour notre plus grand plaisir !

(*comment réagissent les femmes lectrices ? n'hésitez pas mesdames à me le dire)

** Lorsque l'on met en exergue que la première chronique régulière de BD de Télérama ne date que du 15 Octobre 2003 , sous la plume de Cécile Maveyraud, rédactrice de précédents articles sur Sfar ou Blain justement, (à chaque fois à l'occasion bien sûr du festival d'Angoulème), cela montre quand même le retard que cette presse a pu prendre avec le média en tant que référence littéraire.

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